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Δυτικοá½· á¼™λλá½´ναι - á¼™λλá½´ναι πρὸσ δυςá½·ν ;

Les Grecs de l’Ouest : des Grecs à l’Ouest ?

Si le bassin d’origine de la civilisation grecque est centré sur la mer Egée, les Grecs naviguèrent dans toutes les directions, du levant au couchant et du septentrion au midi, poussant dès le milieu du VIIIe s. av. J.-C. jusqu’en Sicile puis peu après sur les côtes de la Mer noire. Traditionnellement limitée à cette moitié Est du bassin méditerranéen, les Grecs n’auraient guère eu d’influence au-delà.

Car si l’exception marseillaise est bien connue, Massalia occulte une certaine complexité dans l’établissement des Grecs à l’Ouest de la Méditerranée.

 

En effet l’histoire de l’établissement phocéen est longue et se réalisa par étapes successives. Les Grecs s’inscrivent en effet dans un contexte de relations commerciales avec les Etrusques et les Carthaginois, déjà présents en Sicile et en Sardaigne. Ces relations, alternant profits mutuels et rivalités commerciales, débouchèrent sur plusieurs guerres avec Carthage en même temps qu’un fort métissage culturel avec la civilisation étrusque en Italie centrale.

 

Un premier comptoir commercial est ainsi fondé par les Grecs de Phocée (en Turquie égéenne actuelle) traditionnellement daté de 600 av. J.-C., c’est-à-dire une petite installation grecque sur un territoire indigène négociée avec le pouvoir local, parfois directement dans l’agglomération préexistante. Bien que les sources littéraires sur Massalia semblent en faire un lieu vierge de toute implantation autochtone, la difficulté à réaliser des fouilles portant sur les premiers temps de l’établissement massaliote ne permet pas pour l’instant d’en conclure à l’absence d’un site antérieur à l’arrivée des Phocéens.

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Quoiqu’il en soit, la route commerciale entre Massalia et Phocée passant par la Corse et l’Etrurie, un second comptoir phocéen est établi vers 565 av. J.-C. à Aleria (Alalia) sur « l’île de beauté ». Ce comptoir prend une importance croissante dans le commerce local ainsi que dans les rapports de force entre Grecs, Carthaginois et Etrusques car sa situation (une rade protégée par un brise-lame naturel dominée par trois puissantes collines) en fait une base d’opérations en même temps qu’un carrefour. En 540 av. J.-C. une grande bataille navale devant Alalia met aux prises les trois puissances et si les Grecs en sortent vainqueurs, leurs lourdes pertes ne leur permettent pas de se maintenir : l’établissement est abandonné. Mais pas pour tout le monde ! Les Etrusques l’occuperont peu après.

 

Alalia est un exemple parmi tant d’autres de comptoirs grecs, mais la fuite des Phocéens devant l’empire perse en 546 av. J.-C. et l’établissement consécutif de leur cité à Massalia peu après amena ces derniers à multiplier les fondations de ce genre dans une claire politique de contrôle de la navigation commerciale le long de l’actuelle Côte d’azur et du Languedoc.

 

En effet, peu de temps après l’installation à Marseille, on trouve un autre comptoir phocéen d’importance à Ampurias (Emporion) en Catalogne actuelle, vers -580. Les Grecs occupent d’abord un quartier de la ville indigène avant que celle-ci ne se transforme et développe un urbanisme grec au Ve s av. J.-C. La ville est alors dotée d’un rempart en blocs cyclopéens par les Phocéens. Lorsque les légions romaines de Caton l’ancien installent leur campement en 191 av. J.-C. juste à l’Ouest de la ville, cette dernière est totalement hellénisée et ne diffère en rien des fondations coloniales observables à l’Est de la Méditerranée. Le même schéma semble s’appliquer à Agde (Agathè), fondée peu après l’abandon d’Aleria et peut être à Lattes (Lattara).

 

Toutefois, l’évolution des implantations massaliotes traduit l’évolution des rapports avec les populations indigènes. Ces derniers semblent en effet se tendre dans l’arrière-pays provençal, conduisant l’installation de deux sites à vocation militaire à Hyères (Olbia) et Nice (Nikaia) au début du IVe s. av. J.-C. Destinés à offrir un abri sûr aux bateaux (le cabotage étant le mode de navigation pratiquée alors) ces sites sont moins des villes que des forteresses abritant sans doute une population de colons cultivant des champs voisins, destinés à assurer un service militaire civique et résidant avec femmes et enfants.

 

Enfin, certains grecs de Massalia sont connus dans l’Antiquité pour avoir voyager loin vers l’Ouest et le Nord, à la découverte des routes de l’étain. Pythéas, le plus fameux d’entre eux, est cité par Strabon et Pline l’Ancien. Son voyage l’aurait emmené le long des côtes espagnoles, du littoral atlantique et de là jusqu’aux Hébrides ! Ethnographe en même temps que géographe, son œuvre perdue est aujourd’hui considérée comme authentique. D’autres liens sont attestés depuis le VIe s. avec les peuples du Nord de l’Europe, comme en attestent le cratère de Vix puis le vase de Lavaux (découvert en 2015). Sans nécessairement établir la présence de marchands grecs dans la Bourgogne de la fin du VIe s., ces découvertes montrent l’intensité des échanges et des rapports entre Grecs de l’Ouest et sociétés indigènes. Le développement d’alphabet grecs servant à noter des langues autochtones en Gaule du Sud comme en Catalogne marque là encore la profondeur des contacts et métissages entre Grecs et sociétés locales.

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